
Jean-Louis Cabrespines president du Conseil national des Cham-bres regionales de l’ESS (2010 –2016) membre du Conseil economique, social et environnemental vice-president du CIRIEC/France
On pourrait penser, au regard des orientations qui se prennent, que l’ESS souffrirait de trois mots : économie, sociale et solidaire. Et pour éviter que sur la forme on continue à l’identifier, on en fait un French Impact à la française. Mais la question du vocabulaire n’est que la partie émergée de l’iceberg cachant une orientation qui est un déni des principes et valeurs de l’ESS.
On rejette implicitement (et quelquefois explicitement) la vision entrepreneuriale de l’ESS reposant sur une démarche collective pour mettre en valeur, promouvoir, vendre une conception individuelle (voire individualiste) de l’entreprise. On y inclut tous les types d’entreprises au nom de l’innovation sociale, perdant ainsi de vue ce qu’est l’ESS en tant qu’autre façon d’entreprendre.
Une économie qui reposerait sur des startups : nous avons eu les autoentrepreneurs, nous avons maintenant les startups qui semblent l’Alpha et l’Omega de la création d’entreprise et de richesse. C’est aussi le modèle, l’archétype de la politique actuelle, à tel point que le président de la République parle de « Start-up Nation » au salon #VivaTech, voulant que notre pays pense et agisse comme ces entreprises qui n’ont d’autre objectif que de transformer une idée (innovante?) en argent sonnant et trébuchant puis de se faire racheter par une « corporate ».
Si tel est le modèle dominant, quelle place est laissée à l’ESS qui est, ainsi que le rappelle Le Labo de l’ESS, « un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. Leurs activités ne visent pas l’enrichissement personnel mais le partage et la solidarité pour une économie respectueuse de l’homme et de son environnement ».
Et qui sera celui qui rachètera la start-up nation ?