
Jean-Philippe Milesy délégué général de Rencontres sociales membre du Conseil d’orientation du CIRIEC-France
Selon Christophe Itier, l’ESS avait besoin d’un nouveau nom, l’ancien d’économie sociale et solidaire lui paraissant incompris (à voir la politique du gouvernement actuel, on peut concevoir que se réclamer, fut-ce dans les mots, du social et de la solidarité apparaît peu convenable). Mais French Impact, au-delà de cette expression très novlangue, représente, qu’on ne s’y trompe pas, un véritable changement de paradigme.
Il correspond à la volonté déjà affichée dans les « Social Impact Bonds, la promotion de l’entrepreneuriat social introduit par la loi du 31 juillet 2014, le Social Busin’ESS act » annoncé dans un premier temps, de mettre l’ESS et en premier lieu le monde associatif dans la dépendance des puissances financières privées à l’instar du « Non-Profit sector » et des « Charities » anglo-saxons. C’est toute la constitution progressive de l’ESS, faite d’engagements citoyens, de démocratie et de solidarité qui se trouve ainsi remise en cause.
Ce qui est recherché, c’est une ESS arrachée à ses racines culturelles et politiques, issue pour une large part du mouvement social, pour devenir un secteur opérationnel dans les champs sociaux, dépendante pour l’essentiel de la commande publique.
Ce qui est promu, c’est un entreprenariat de profit, dit social, car il introduirait quelques éléments de démocratie, ou apporterait quelque tempérament à l’accumulation du profit immédiat ; autant d’éléments portés hélas en germe dans la loi dite « Hamon ».