Quel avenir pour la VOA et le groupe Verallia ?

La Verrerie ouvrière d’Albi (VOA), coopérative historique d’Albi produisant des bouteilles de verre et passée entre temps sous pavillon de plusieurs groupes, dont Saint-Gobain et sa filiale Verallia (11 pays, 26 usines dans le monde), et plus récemment sous le contrôle du fonds américain Apollo via un LBO (163 milliards de dollars d’actifs) et de la Banque Publique d’Investissement (10 % du capital), est en passe d’être vendue avec l’entreprise Verallia, une fois de plus. Avec quel avenir pour l’emploi, l’entreprise et la filière industrielle ?

La vente était certes prévue puisque c’est la stratégie même du fonds américain Apollo que de revendre rapidement ses acquisitions, avec plus value (230 millions d’euros de remontées de dividendes aux actionnaires dès 2016 pour un investissement initial de 600 millions). Sur les rangs du rachat, d’autres fonds de pension et un concurrent, mais une fois de plus avec de grosses incertitudes sur l’avenir des sites de production du groupe Verallia, et notamment celui d’Albi.

eEuaUt.pngPourtant, VOA est une entreprise en bonne santé, filiale d’un groupe en bonne santé. Certes, la gestion Apollo a augmenté la dette de l’entreprise, mais l’outil de travail est technologiquement très au point. En outre, l’activité même de l’entreprise est porteuse d’enjeux stratégiques, sanitaires et écologiques, notamment pour réduire l’utilisation d’emballages plastiques ou pollué au bisphénol, au profit du verre.

Dans cette urgence, les syndicats ont fait connaître par voie de presse une première alternative a cette vente au plus offrant, avec un projet de cession de l’entreprise à des actionnaires « éthiques » sur le modèle des entreprises à mission, « écologique » ou « sociale », tel que défini dans le rapport Notat.

Dans cette situation, les communistes du Tarn s’adressent au réseau ESS pour contribuer à construire un avenir pour la VOA et le groupe. Les pistes existent, à commencer par le retour de la VOA au statut de Scop locale, « entreprise de territoire », telle que défini dans le projet de loi que nous avons coélaboré. Et il est possible d’aller au-delà et d’envisager un « basculement » vers l’économie sociale et solidaire de l’ensemble des sites français, voir du groupe Verallia lui-même, avec la constitution d’un groupe coopératif à l’échelle européenne.

Un tel projet est réaliste et finançable. D’abord, il serait logique qu’il reçoive le soutien de Jean-Pierre Floris, ancien PDG du groupe Verallia, Mr Industrie du président Macron, puisqu’il a été nommé délégué interministériel aux restructurations d’entreprises en 2017 par Bruno le Maire. Les enjeux sont en effets considérables : il s’agit du maintien d’un acteur industriel de premier plan, Verallia, 3e producteur mondial avec 10 000 salariés et le 2e grand producteur en France avec 6 sites de production (12 fours), 2 centres de retraitement et 2.500 salariés. Il s’agit également de disposer d’un outil de réponse industrielle aux enjeux écologiques : sécurité́ alimentaire, recyclage des ressources naturelles, économie d’énergie, économie alternative à travers le modèle de l’économie circulaire…

La BPI, déjà actionnaire du groupe est en situation de contribuer largement au financement de la transition vers un statut coopératif. En outre, d’autres pistes complémentaires peuvent être envisagées, avec les principaux acteurs de la finance solidaire, le concours d’actionnaires au sein d’une Scop dite d’amorçage, et l’épargne salariale qui représente aujourd’hui 100 milliards d’euros dont une bonne partie gérée en bourse et dont 10 % sont obligatoirement fléchés vers des fonds réputés « éthiques ».(394 millions d’euros ont été ainsi investis dans des titres solidaires en 2017 )
Un projet qui pourrait également profiter du cadre proposé par la proposition de loi co écrite par le PCF, des universitaires et des citoyen.nes « Entreprises de territoires, nouvelle régulation démocratique ».

Parlementaires, élus locaux et militants communistes des régions concernées, sont tous attentifs et mobilisés pour construire avec les salariés et les citoyens, un avenir alternatif, social, solidaire et écologique pour la VOA, Verallia et l’industrie du verre d’emballage français et européen.

Un siècle de coopération… et un peu plus

La verrerie ouvrière d’Albi (VOA) a un statut particulier dans l’histoire sociale du pays. Créée en 1895, avec l’appui du député Jean Jaurès et le soutien des grévistes de la verrerie de Carmaux, c’est l’une des expériences pionnières de l’économie coopérative en France. Face à la violence répressive patronale, la nouveauté de la réponse des ouvriers de Carmaux, fût la création d’un coopérative ouvrière : une riposte ouvrière visant non seulement à faire évoluer le rapport de force capital/travail, mais à contester la suprématie même du régime de propriété et du capital. En d’autre terme, la VOA c’est l’affirmation qu’il est possible de se passer des capitalistes pour produire, à partir d’une alternative concrète et durable.
L’expérience durera plus d’un siècle, marquant l’histoire ouvrière et toute une région. A la fin des années 80, confrontée à des difficultés financières, la société coopérative se transforme en société anonyme. Elle passe rapidement sous le contrôle de Novalliance, puis de Saint-Gobain. Pourtant, l’expérience de la VOA a creusé un sillon si profond que la culture et l’héritage coopératif n’ont pas été balayés par le passage dans l’économie capitaliste classique: l’état d’esprit demeure, avec l’attachement à l’outil de travail, l’implication des salariés et du syndicat dans la gestion.

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